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DANSE ET PSYCHANALYSE/MARC ANTOINE BOURDEU

DANSE ET PSYCHANALYSE/MARC ANTOINE BOURDEU

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La psychanalyse, au risque du genre, au-delà des normes.

Publié par MARC ANTOINE BOURDEU sur 26 Octobre 2020, 18:24pm

Dominique Mercy dans Nelken de Pina Bausch

Si on regarde l’espèce humaine de façon très simple on pourrait dire qu’il y a les femmes d’un côté et les hommes de l’autre. Ceci si on se situe sur une assignation biologique sexuée. Si l’on va un peu plus loin dans cette distribution on se rendra compte que cette séparation entre les femmes et les hommes se fait à partir de la présence ou du manque de l’organe mâle à savoir le pénis. Certains dans l’espèce en sont pourvus d’autres pas.

Ce classement se fait depuis la nuit des temps et a institué et constitué ce que l’on appelle l’ordre patriarcal entrainant avec lui la domination masculine excluant ainsi les femmes, les enfants, certains hommes à partir de critères discriminants : sociaux, économiques, ethniques, d’orientation sexuelle. En occident, cet ordre patriarcal a justifié la domination de certains territoires et peuples par la colonisation.

Ce patriarcat, lié par essence aux trois religions monothéistes, affirme que la nature du couple est hétérosexuelle, ayant pour but la reproduction de l’espèce. 

C’est cet ordre patriarcal et cette domination masculine qui a justement été remise en question par les « gender studies » de Judith Butler suivie par les mouvements féministes et lgbt en France.

Ces mouvements, non sans raison, ont discutés les positions de la psychanalyse freudienne sur le primat du phallus, au centre de ses théories. La psychanalyse, elle-même, prise dans les esprits des temps, qu’elle traverse depuis le début du XXème siècle a remis au travail ces questions et notamment en France avec les travaux de Jacques Lacan.

Pour la psychanalyse, l’inconscient freudien ne prend pas en compte le masculin et le féminin, il n’y a pas d’inconscient « masculin » ou d’inconscient « féminin ». Lacan situe la question du genre à un autre niveau que celui entendu par le social, il la situe au niveau du signifiant et donc en dehors du sexe anatomique mais en lien avec le parcours singulier du sujet et de ses signifiants.

Lacan, institue une autre clé de répartition dans le genre avec « l’avoir » du côté homme, et, non « ne pas l’avoir » du côté femme, mais « l’être ». Ainsi il s’éloigne de l’assignation biologique pour se situer du côté du désir et de l’inconscient. Chacune et chacun peut se situer de part et d’autre de son tableau de la sexuation quelque soit son sexe biologique.

Alors, non, les choses ne vont pas de soi : Être une femme, Être un homme, Être hétéro, homo, bi-sexuel +++…. Ces incertitudes, doutes, questionnements, nous renvoient à « l’insoutenable légèreté de l’être », à notre condition humaine, mais sont aussi un effet, du défaut dans le langage, ce qui ne peut pas se dire. C’est ce que nous appelons en psychanalyse lacanienne : le Réel.

Aujourd’hui, nous recevons dans nos cabinets de psychanalystes des patients qui ne se déclarent ni filles, ni garçons, mais qui se questionnent sur le désir, sur l’amour, sur leur histoire, sur le manque, sur la difficulté à trouver sa place … C’est-à-dire toutes choses qui peuvent être entendues par un psychanalyste. Le lieu de l’analyse est l’endroit pour adresser ces questions, c’est ce qui permet à la psychanalyse de se réinventer au contact de la singularité de chaque patient pour se situer dans le contemporain.

Sans doute ce sont toutes ces questions que la chorégraphe Pina Bausch à essayer également de travailler dans son oeuvre et de mettre en mouvement,. Dominique Mercy, l'un de ses danseurs "historiques" l'interprète merveilleusement dans sa pièce "Nelken" : insoutenable légèreté de l'être.

 

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