Un jour un patient me dit dans sa séance : « j’ai envie de larguer les amarres ». Je me suis demandé de quoi voulait-il parler vraiment. « Vous voulez prendre le large lui dis-je ? » oui me dit’ il mais cela me paralyse.
Il fait ce rêve dans lequel il monte à bord d’un bateau vers une destination inconnue, très loin de chez lui, et dans ce rêve il imagine son bateau faire naufrage, couler, sombrer dans la mer.
On pourrait presque dire que pour lui larguer les amarres, prendre le large, reviens à tout quitter sans espoir de retour. Comme un départ où tout serait oublié, une sorte de partir pour toujours. Peut être est ce cela que ce patient voulait se dire dans son rêve où son bateau fait naufrage, comme si partir équivalait à mourir.
La psychanalyse est aussi un voyage vers une terre inconnu vers la question du désir de chacun. Pour mener ce voyage à bonne destination il y a beaucoup à quitter : les parents de son enfance, les illusions, les idéaux, les faux semblants, les petits arrangements avec soi même….
Mais quitter ne veut pas dire tout quitter et à jamais. Sans cela nous serions toujours dans un Tout ou Rien, désarrimés de tout.
Il s’agit plutôt de se séparer « psychiquement ».
Ainsi se séparer n’est pas abandonner des situations ou des gens. C’est plutôt accepter de se considérer comme un être humain séparer de fait et par condition, comme un sujet séparé des autres. Cela ne veut pas dire également être tout seul mais cela veut dire qu’il y a en chacun d’entre nous une part de solitude à accepter et à reconnaitre.
« La solitude m’a toujours accompagnée de près ou de loin, comme elle accompagne tous ceux qui, seuls, tentent de voir et d’entendre, là où d’aucuns ne font que regarder et écouter ». Françoise Dolto in « Solitude » chez Gallimard.
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