« Un gentil toutou à sa maman »
Manoël est un homme de 30 ans, il vie et travaille a Paris depuis une petite dizaine d’année, il travaille comme agent commercial, il a fait des études supérieures dans ce domaine.
Il est l’aîné de deux enfants.
Manoël est venu me parler au début de son travail analytique pour un vécu difficile au niveau de son homosexualité. Il se sentait honteux et coupable d’avoir ce « penchant » comme il disait.
Il a du mal à envisager une vie affective, amoureuse avec un homme, de former un couple. Il ne sait pas quoi faire de l’idée, où enfant, il rêvait de se marier avec une femme et de construire une famille, comme ses parents l’avaient fait avant lui.
Il me dit souffrir de dépressions sévères depuis son adolescence, il me parle alors du décès de son père.
Le père est mort d'un cancer, Manoël avait alors 12 ans.
Manoël commença peu à peu à me livrer le récit de son histoire.
Le père était souvent très absent (il travaillait beaucoup et s’absentait pour des voyages parfois très longuement) la mère une femme assez déprimée.
Quand Manoël parle de sa famille il parle d’un matriarcat et de l’autorité importante de la mère sur la vie de famille. Il semble situer autorité, pouvoir et argent du côté maternel. Son père était souvent disqualifié par sa mère et les disputes du couple parental sont fréquentes. Son père est décrit comme très colérique, s’emportant facilement, avec une tendance à boire.
Les parents traversent des disputes violentes et des crises innombrables. Mais la mère refuse séparation ou divorce et utilise ses enfants pour convaincre le père de rester. Elle veut sauver son mariage envers et contre tout.
Manoël est le confident de sa mère, elle le sollicite constamment pour un oui et un non, lui demande des conseils pour son couple, puis après le décès de son père il est l'homme de la maison mais un homme qui obéirait en tout à sa femme.
Il dit qu’il est « le gentil toutou à sa maman ».
PERSPECTIVES
Manoël a engagé un travail analytique sur plusieurs années, il savait que ce serait long pour dénouer les fils de son histoire et arriver à travailler ses empêchements dans l’ordre du travail et de l’amour.
Au fur et à mesure il a pu s’appuyer sur sa parole pour constituer son désir en propre.
Manoël a rencontré la peinture pour se soutenir dans sa vie. Il trouve ainsi un étayage ou une suppléance qui lui permet d’accepter son histoire et de pouvoir vivre avec.
Il arrive à trouver maintenant une bonne distance avec sa mère.
Il peut rencontrer des hommes sans mettre systématiquement ses rencontres en échec.
Les dépressions se sont atténuées, les idées suicidaires sont moins intenses. Il arrive à les mettre en mots et à les relier à la problématique de la mort de son père à la fois du côté d’une identification à lui et dans une problématique œdipienne en rapport avec un vœux de mort inconscient sur le père, en tant que rival a éliminer pour posséder la mère.
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