Marie Antoinette est ce personnage de l’Histoire de France qui continue à déclencher les passions presque 250 ans après son exécution.
Pour les uns elle est l’Autrichienne, l’Ennemie, la Femme à abattre, l’Etrangère, Madame Déficit, la responsable des malheurs de la France. Pour les autres elle est la femme martyre, la sainte, le symbole de la contre révolution. Enfin pour d’autres elle est avant tout la reine du glamour, de l’élégance et de la beauté, un archétype de la star de cinéma bien avant l’invention de celui-ci.
En tout cas elle ne laisse pas indifférent comme Reine de France. Qui peut se souvenir des épouses de Louis xv ou de Louis XIV ? Quand on se souvient de certaines Reine de France c’est parce qu’elles ont été en position de régente c'est-à-dire de Mère de Roi exerçant le pouvoir en place de leur mari mort et ce pour leur fils : Catherine de Médicis, Anne d’Autriche.
En effet en France la Reine ne règne pas et n’a pas de pouvoir politique. Sa fonction est de recevoir des enfants du Roi et de venir consolider des alliances politiques.
Alors qu’en est-il de Marie Antoinette ? Son meilleur biographe qui nous fait le mieux approcher sa personnalité est certainement Stephan Zweig. Dans son « Marie Antoinette ». Il dira que sans doute la vérité la concernant est comme toujours au milieu des images idéales projetées par ses partisans et ses détracteurs ni une sainte ni un immonde personnage.
Mais Zweig touche à l’excellence de l’observation biographique quand il la décrit comme une personnalité très moyenne mais qui va savoir s’emparer du tragique de son destin en apprenant à connaitre qui elle est vraiment. C’est son destin qui lui sert de catharsis. Elle dira « C’est dans le malheur que l’on apprend vraiment qui l’on est ».
Zweig est très proche de Freud, il écrira « La guérison par l’esprit » et son « Marie Antoinette » est imprégné par une approche psychanalytique du sujet de l’inconscient.
Cependant Zweig semble positionner Marie Antoinette du coté de la névrose obsessionnelle. Il doit penser cela, au regard de la place que sa mère, Marie Thérèse d’Autriche, occupe. En effet Marie Antoinette est pour sa mère un pion qu’elle place sur l’échiquier politique européen au service de l’alliance austro-française, mais Marie Thérèse fera de la sorte avec toutes ses filles. Il est vrai que l’alliance avec la France est pour elle la plus importante.
Bizarrement, comme d’autres biographes, le père de Marie Antoinette, François de Lorraine, semble oublié. Et en effet comparé à la stature de Marie Thérèse, fait-il vraiment le poids ? C’est oublier qu’il donnera 16 enfants a Marie Thérèse, Marie Antoinette est la quinzième. Elle aura 10 ans quand son père meurt.
Dès son arrivée en France, elle se sent proche du vieux roi Louis XV qui a très peu de différence d’âge avec son père, et elle commet ses premières imprudences aveuglée par son histoire en voulant rivaliser avec la Comtesse du Barry, la favorite du roi, apparemment sous l’influence des filles de Louis XV qui en même temps détestent ce que représente Marie Antoinette à leurs yeux c'est-à-dire la créature du Ministre Choiseul, le protégé de la Marquise de Pompadour.
Ce sont elles qui les premières l’appelleront « l’Autrichienne ». Et Marie Antoinette comprendra tardivement que ces femmes sont dangereuses et que Madame du Barry n’est pas une si mauvaise femme que cela comme sa mère le lui écrivait.
Pendant la révolution Madame du Barry essaiera d’aider Marie Antoinette et la famille royale. Elle finira sur l’échafaud parce que femme et favorite de roi. Communauté de destin entre ces deux femmes ?
Bien sur on ne peut pas négliger les questions politiques autour de la querelle entre ces deux femmes mais d’un point de vue psychanalytique la querelle nous semble se porter sur la place à occuper auprès du roi, qui sera la favorite ?
Marie Antoinette appelle le vieux roi « bon papa » et il a une grande tendresse pour elle. Il mettra fin à la querelle entre ces deux rivales en faisant le père. Il sommera la Dauphine de parler à Mme du Barry et ce sera le fameux " Il y a bien du monde ce soir a Versailles....".
Mais Marie Antoinette devenue reine continuera de se placer dans cette position de favorite en se faisant offrir le Petit Trianon qu’avait occupé l’ancienne maitresse de Louis XV, Mme de Pompadour. Elle deviendra l’arbitre des élégances et de la mode mais sera aussi protectrice des arts et de la musique comme cette dernière.
Le petit Trianon deviendra son domaine et son refuge ou elle tente d’oublier sa place de reine, c'est-à-dire son premier devoir recevoir du roi des enfants du roi et lui donner un hériter mâle. Elle fera chambre a part et Louis XVI ne couchera jamais a Trianon.
Ils mettront 7 ans avant de mettre au monde un enfant, une fille.
En tant que reine elle aura aussi à tenir sa place à la cour comme épouse du roi suivant le protocole de Louis XIV devant les courtisans, ce qu’elle ne supportera jamais.
Mais on ne peut pas être à toutes les places et Marie Antoinette paiera le prix fort tant du cote des vieux courtisans que des partisans de la terreur.
Marc Antoine Bourdeu
Psychanalyste
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